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Cynthia, Stéphanie des Horts


Les femmes ont, de tout temps, joué un rôle dans le renseignement, même si leurs activités ont souvent été minimisées voire passées sous silence. C’est le cas de d’Elizabeth Pack dont les exploits figurent dans peu d’ouvrages historiques mais qui, pourtant, fut une espionne exceptionnelle.


Fille de George Cyrus Thorpe, un ancien capitaine des Marines, Betty épouse, en 1930, Arthur Pack, l’attaché militaire de l’ambassade britannique à Washington, un homme terne de vingt ans son aîné, en omettant de lui signaler qu’elle est enceinte (et elle se fiche complètement de savoir qui est le père).


Cinq mois à peine après leur mariage, la jeune femme met au monde un fils que son mari s’empresse d’abandonner afin d’éviter un scandale pouvant nuire à sa carrière. Cet « incident » oublié, le couple s’installe au Chili puis en Espagne, et Betty, véritable dévoreuse d’hommes, collectionne les amants.


C’est pendant la guerre civile espagnole que Betty - dont le comportement héroïque lors de l’évacuation de l’ambassade d’Angleterre à San Sebastian n’a pas échappé aux services de renseignement britanniques - a été recrutée par le SIS (Secret Intelligence service), afin d’observer et de rendre compte de la situation. Mais guère pour longtemps car Arthur Pack est muté à Varsovie.


En Pologne, elle entreprend aussitôt une liaison avec le comte Michal Lubienski, diplomate au ministère des Affaires étrangères, dont le chef, le colonel Josef Beck, est proche des nazis. Et c’est dans les bras de son amant, qu’elle apprend qu’Hitler s’apprête à envahir la Tchécoslovaquie, une information qu’elle transmet aussitôt à Jack Shelley, son contact britannique. Et Betty Pack fera encore mieux en obtenant les documents relatifs à l’un des plus grands secrets de la Seconde Guerre mondiale, à savoir la machine à coder allemand connue sous le nom d’Enigma. Mais Lubienski, fou amoureux de l’espionne, avoue son infidélité à sa femme… et à Beck. Et Betty est aussitôt expulsée de Pologne.


Après un nouveau séjour à Santiago, elle est envoyée à Washington où elle est recrutée par l’OSS (service de renseignement américain) sous le nom de code « Cynthia ». En 1941, elle entame une nouvelle histoire d’amour avec Charles-Emmanuel Brousse, l’attaché de presse de l’ambassade de Vichy à Washington, qui, totalement manipulée par sa maîtresse, lui transmet les codes utilisés par Vichy, et qui permettront aux Alliés de remporter des victoires en Méditerranée.


C’est avec Brousse que « Cynthia » choisit de finir sa vie dans le Sud de la France, tandis que Arthur Pack, profondément déprimé, se suicide en novembre 1945.


La vie d’Elizabeth Pack est un véritable roman. Elle fut certes une mauvaise mère (après l’abandon de son fils, elle a totalement négligée sa fille) et une croqueuse d’hommes (dont elle tombait amoureuse), mais c’est grâce à son intelligence, à ses convictions (elle vouait une haine à Hitler) et à son courage qu’elle a mené des actions clandestines d’une importance capitale tant pour les Britanniques que pour les Américains.


Dans cette biographie extrêmement documentée, Stéphanie des Horts nous raconte le parcours d’une femme hors du commun dont le rôle a été négligé par les historiens qui estimaient que le métier d’espion n’était réservé qu’aux hommes.


Editions Albin Michel, 2023


A propos de l’auteure


Après avoir travaillé comme critique littéraire, Stéphanie des Horts est l’auteure de nombreuses biographies dont notamment « Le secret de Rita H. », « Pamela », «Les sœurs Livanos », « Jackie et Lee » et «Les heureux du monde ».

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