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De soleil et de sang, Jérôme Loubry


Haïti, 11 janvier 2010, quelques heures avant le séisme qui coûta la vie à plus de deux cent quatre-vingt mille personnes. Un homme muni d’un bidon d’essence pousse la lourde porte en bois de la « Tombe joyeuse ».


« C’est ici que tout a commencé, c’est ici que tout doit se terminer… »


Un mois plus tôt, dans le quartier chic de Pétion-Ville à Port-au-Prince où vivent les diplomates et les mulâtres ayant fait fortune - loin du quartier Cité-Soleil, le bidonville le plus pauvre de la région - un couple de Canadiens d’une cinquantaine d’années a été assassiné dans sa chambre à coucher. La femme a les yeux transpercés par deux broches en acier ; l’homme a la langue arrachée, disposée dans une de ses paumes, et dans l’autre, son pénis tranché à la lame. Près des cadavres, un origami formant un cercueil.


Un double meurtre identique à celui commis une semaine auparavant. Avant d’être découpées, les victimes ont été droguées à la tétrodotoxine, une substance qui paralyse le corps mais n’empêche pas le supplicié de ressentir la douleur. On l’appelle la drogue du zombi.


La presse parle de crimes vaudous mais l’inspecteur principal Simon Bélage ne croit pas au monde des esprits, au pouvoir vaudou, à la magie noire. Des croyances mystiques qui pourtant coulent dans les veines des Haïtiens depuis des générations. C’est forcément un être de chair et de sang qui a commis ces atrocités et il doit le retrouver.


Au cours de son enquête, qu’il mène avec son adjoint Manus, il découvre un article de presse avec pour titre « Ouverture d’un nouvel orphelinat sous l’égide de notre président ». Sur la photo figurent l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier et, à ses côtés, toutes les victimes du tueur à la machette. Le groupe se tient devant une énorme bâtisse et, à travers les vitres de la fenêtre la plus haute, on devine des visages d’enfants.


Un orphelinat qui a fermé ses portes seulement quelques années après son inauguration et qui, contrairement à toutes les maisons abandonnées autour, ne présente aucune dégradation. Et pour cause : personne ne s’approche de la Tombe joyeuse.


Quels sont les liens entre ces assassinats barbares et cet orphelinat ?


« C’est ici que tout a commencé, c’est ici que tout doit se terminer… »


Ce thriller époustouflant vous donnera des sueurs froides car l’auteur n’a pas son pareil pour décrire l’enfer. Celui des quartiers pauvres de Port-au-Prince gangrénés par la corruption, la violence, la prostitution, la drogue et autres trafics. Celui des enfants de ces bidonvilles livrés à eux-mêmes, volés ou achetés à leurs parents, placés dans des orphelinats clandestins et revendus à de riches blancs pour travailler et, souvent, assouvir leurs désirs les plus vils.


Crimes, viols, vengeance : Jérôme Loubry a choisi cette île imprégnée de magie vaudou pour raconter avec talent une histoire envoutante et tragique.


Un roman parfaitement construit et bien documenté. Une totale réussite.


Editions Calmann-Lévy, 2020


A propos de l’auteur


Considéré comme l’un des meilleurs auteurs français de polars, Jérôme Loubry a remporté de nombreux prix notamment le Prix Cognac du meilleur roman francophone 2019 et le Grand Prix de l’Iris Noir Bruxelles 2019 pour « Les Refuges ».

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