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Divine Jacqueline, Dominique Bona



Lorsque j’ai visité l’exposition consacrée à Jacqueline de Ribes au Metropolitan Museum of Art de New York, en 2015, j’ignorais tout de la vie de cette icône du style. Des robes du soir de son incroyable vestiaire, signées par les plus grands couturiers, aux créations de sa propre marque, la rétrospective était époustouflante.


Mais pourquoi l’un des plus grands musées du monde qui, le plus souvent, n’accorde de reconnaissance à des personnalités de premier plan qu’à titre posthume (seul Yves Saint-Laurent a eu droit à une rétrospective de son vivant) - , déployait son tapis rouge à cette figure de l’aristocratie parisienne ?


Qui est donc cette Jacqueline, désignée par la presse américaine en 1956 comme la femme la plus élégante du monde, nommée à la Best-Dressed list et élue au Hall of Fame of Fashion en 1962 et dont le visage a été projeté en pleine lumière sur l’Empire State Building, parmi ceux de Marilyn Monroe, d’Elizabeth Taylor ou d’Audrey Hepburn, à l’occasion des 150 ans du « Harper’s Bazaar ».


C’est à cette question que Dominique Bona tente de répondre dans cette biographie extrêmement documentée.


Après des heures d’entretien avec cette figure de la haute société des années soixante, alors qu’elle approchait des quatre-vingt-dix ans, et après avoir consulté ses archives privées stockées dans une pièce de son hôtel particulier rue de la Bienfaisance à Paris, l’auteure dresse le portrait de cette vicomtesse, devenue comtesse, qui a cumulé tous les privilèges : beauté, rang et fortune exceptionnelle héritée au berceau.


Née Bonnin de la Bonninière de Beaumont, Jacqueline a été élevée par des parents certes très riches mais peu aimants et toujours absents. « Mes parents n’aimaient pas les enfants, encore moins les leurs », confie-t-elle. C’est grâce à l’amour débordant de son grand-père maternel, Olivier de Rivaud de la Raffinière, que la petite fille s’épanouit.


A dix-huit ans, elle épouse le vicomte Edouard de Ribes et deux enfants naissent de leur union. Mais, malgré sa vie mondaine, la vicomtesse s’ennuie dans sa cage dorée. Elle a toujours été fascinée par la couture et n’a qu’une passion : s’habiller. Quand elle s’apprête c’est pour affronter le public qui l’attend, comme sur une scène. Elle n’hésite pas d’ailleurs à retoucher de ses mains les robes des plus grands couturiers pour leur apporter sa touche personnelle.


C’est ainsi que cette milliardaire est devenue la femme la plus élégante du monde.


Amie d’Yves Saint-Laurent, Jacqueline de Ribes a inspiré tous les créateurs de son époque - en 1999, Jean-Paul Gaultier a baptisé sa collection « Divine Jacqueline » - et porté les plus belles robes du monde.


De Richard Avedon à Cecil Beaton, en passant par Robert Doisneau ou Irving Penn, les plus grands photographes ont traqué chacune de ses apparitions.


En 1983, elle crée sa propre maison de Haute couture mais sa marque JR, qui a eu un certain succès (elle a habillé une première Dame des Etats-Unis), fermera ses portes douze ans plus tard.


Mais la comtesse de Ribes mérite-t-elle que Dominique Bona – qui a publié des biographies remarquables d’artistes comme Romain Gary, Colette ou Camille Claudel - lui consacre un livre de 520 pages ? Car hormis son élégance, son perfectionnisme (« on ne naît pas élégante, on le devient »), cette femme froide et totalement narcissique (« Je me suis aimée plus que tout et j’ai eu raison ») ne laisse aucune véritable œuvre derrière elle.


Dominique Bona a pourtant voulu rendre hommage à cette Française incarnant l’élégance absolue qui, selon elle, est une artiste, car elle aime se créer, sans cesse travailler son image et sculpter sa légende.


Bien que magistralement écrite et passionnante pour quiconque s’intéresse à la haute couture, cette biographie comporte de nombreux chapitres extrêmement ennuyeux sur l’arbre généalogique de toutes ces familles aristocratiques.


Editions Gallimard, 2021


A propos de l’auteure


Membre de l’Académie française, Dominique Bona est l’auteure de nombreux romans et biographies dont notamment « Romain Gary », Grand Prix de la biographie de l’Académie française, « Gala », « Berthe Morisot », « Clara Malraux » et « Deux sœurs : Yvonne et Christine Rouart, muses de l’impressionnisme », Prix spécial Simone-Veil.

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