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Jackie et Lee, Stéphanie des Horts


« Souviens-toi que je serai la première, tu n’y peux rien, je suis née intelligente, toi avec du retard. Tu demeureras trois pas derrière moi. Mais c’est parfait car je te protège. Et je décide pour toi. Sans moi, tu n’existes pas ».


Pas facile pour Lee Bouvier (surnommée « Pekes ») d’avoir une sœur plus âgée, bien moins jolie qu’elle mais qui attire tous les regards. Elle est intelligente, féminine, vive et sensible, très douée pour les arts mais on ne voit que Jackie.


Rivales depuis leur plus tendre enfance (l’aînée a toujours été la préférée de leur père), la vraie compétition débute lorsque Lee épouse Michael Canfield (pas vraiment fortuné mais de sang royal) au grand désespoir de sa mère Janet Auchincloss qui n’a cessé de répéter à ses filles : « Marry Money ».

Que sa sœur se marie avant elle, alors qu’elle a quatre ans de plus, quel affront pour Jackie ! Mais elle va se venger en épousant un jeune sénateur très riche qui rêve de devenir Président des Etats-Unis.


Le mariage de Lee bat de l’aile. Elle s’ennuie avec ce mari sans ambition qui, de plus, ne parvient pas à lui faire un enfant. Il n’en a pas envie bien qu’il soit fou amoureux. Elle veut fréquenter le beau monde, sa position sociale est ce qu’il y a de plus important. « Ne peux-tu pas faire comme tout le monde et travailler dans le pétrole ?», lui répète-t-elle.


Jackie, elle, découvre très vite que John la trompe à tour de bras. Lana Turner, Zsa-Zsa Gabor, Joan Crawford… la liste est longue. Il ne peut pas s’en empêcher, il a ça dans les gènes. Le 23 août 1956, elle perd son premier enfant. Mort-né. Son mari qui batifole sur la Riviera ne voit aucune raison de prendre un billet-retour.


Désespérée, elle se réfugie chez sa sœur à Londres. Mais lorsque son beau-père, le redoutable Joe Kennedy, lui offre un million de dollars pour rentrer au bercail, elle accepte sans aucune hésitation. Et, quelques années plus tard, elle devient première dame des Etats-Unis.


« Comment rivaliser avec ça ? » se demande Lee qui, pour frapper un grand coup et jeter ça à la figure de Jackie, est devenue la Princesse Radziwill, en épousant en secondes noces un aristocrate polonais. Rongée par la jalousie, elle accepte toutefois d’être sa dame de compagnie lors des voyages présidentiels. Encore et toujours dans l’ombre de sa sœur. « C’est simple, Pekes, tu fais tout ce que je fais, trois pas derrière».


Lassée de n’être que la « sœur de », Lee multiplie les conquêtes et entame une relation extra-conjugale avec Aristote Onassis – tellement vulgaire mais qui possède tout - persuadée qu’il va la demander en mariage. Alors que le richissime homme d’affaires ne se sert d’elle que pour approcher Jackie Kennedy – une véritable icone -, devenue la veuve la plus célèbre de la planète.


Qu’il finira par épouser. Avant une série de drames…


Deux sœurs inséparables, fusionnelles – toujours collées l’une contre l’autre pour se confier leurs secrets, on les surnomme « les chuchoteuses » - mais rongées par la jalousie et la rancœur. Toute sa vie, Lee a voulu faire quelque chose de sa vie, quelque chose qui ne soit pas Jackie.

Mais cette rivalité n’a-t-elle pas été leur moteur pour avancer et briller ?


Comme l’a écrit leur demi-frère Gore Vidal, elles ressemblaient à « Deux piranhas dans un aquarium ».


Stéphanie des Horts possède un véritable talent pour écrire des biographies. Avec précision et beaucoup d’humour, elle raconte le destin exceptionnel de ces deux sœurs unies par l’amour et la haine, à la recherche de la célébrité.

Si la vie de Jackie Kennedy ne nous apprend pas grand-chose (elle a fait l’objet de tellement de livres !), celle de Lee nous plonge dans les années 60-70 à Londres, où l’on côtoie Andy Warhol, Mick Jagger, Rudolf Noureev ou Cecil Beaton.


Une époque révolue empreinte de nostalgie.


Editions Albin Michel, 2020


A propos de l’auteure


Après avoir travaillé comme critique littéraire, Stéphanie des Horts est l’auteure de nombreuses biographies dont notamment « Le secret de Rita H. », « Pamela » et « Les sœurs Livanos » (publiées également chez Albin Michel). Sur la famille Kennedy, lire également « Joe Kennedy. Le pouvoir et la malédiction », de Georges Ayache.

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