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L’audacieux Monsieur Swift, John Boyne


Après trente-cinq ans de carrière, Erich Ackermann vient (enfin) de remporter un important prix littéraire et parcourt le monde pour la promotion de son dernier livre.


Alors qu’il déguste un riesling au bar de l’hôtel Savoy de Berlin Ouest (nous sommes en 1988, avant la chute du Mur), sa ville natale qu’il a quittée pour vivre en Angleterre, le romancier de soixante-six ans, homosexuel malheureux, est irrésistiblement attiré par un jeune serveur à la beauté renversante.

Il s’appelle Maurice Swift. Et il rêve de devenir un écrivain reconnu : « C’est tout ce qui m’importe. Je ferai tout ce qu’il faudra pour réussir ».


Erich Ackermann lui propose aussitôt de l’accompagner à travers l’Europe pour une tournée promotionnelle afin de l’introduire dans le monde littéraire.


Le problème est que Maurice Swift n’a aucun talent, aucune imagination pour écrire un roman. L’écrivain allemand est très déçu en lisant les textes que le jeune homme lui a envoyés. Mais il est fasciné, troublé, excité par sa peau nue sous sa chemise entrouverte, par « la vue enivrante de sa cheville » lorsqu’il croise les jambes. Alors, pour lui plaire et créer une plus grande intimité, il se confie et lui révèle des secrets d’avant-guerre à Berlin, un lourd passé qu’il a enfoui au fond de sa mémoire depuis des décennies.


Et c’est ainsi que, s’emparant des confidences de son mentor, Maurice Swift publie « Deux Allemands », son premier livre, au succès retentissant. Tout dans ce roman vient « d’histoires qu’Erich Ackermann m’a racontées sur sa propre vie », répète-t-il aux médias.


Erich Ackermann, dont la réputation est définitivement détruite, n’est que la première des victimes de Monsieur Swift, car celui-ci a besoin de nouvelles sources d’inspiration pour gravir les échelons et atteindre les sommets.


Conscient de l’attrait magnétique que son corps d’Apollon exerce sur les hommes et les femmes, il manipule ses proies par la séduction et l’ambiguïté sexuelle alors qu’il n’a jamais éprouvé de désir physique pour quiconque.

Il pille la vie et les écrits des autres. Voleur, menteur, plagiaire, arriviste, machiavélique, rien n’arrête l’imposteur sans scrupules prêt à sacrifier son âme pour être reconnu. Et il le fait avec un tel aplomb qu’on en reste sidéré.


Ce roman magistral et fascinant, superbement écrit et rythmé par l’alternance des points de vue, offre une réflexion intéressante sur le monde de l’édition, avec ses rivalités et ses trahisons.


Mais c’est aussi un livre qui aborde la création littéraire et le plagiat.

D’où viennent les idées ? A qui appartiennent-elles ? Comment un homme dépourvu de talent mais aux ambitions démesurées peut-il devenir un écrivain reconnu en volant les textes des autres ?


Editions JC Lattès, 2020


Traduit de l’anglais (Irlande) par Sophie Aslanides

Titre original : « A ladder to the sky »


A propos de l’auteur


Ecrivain irlandais, John Boyne est l’auteur de livres pour adultes et adolescents traduits dans le monde entier, pour lesquels il a obtenu de nombreux prix littéraires. Publié en 2006, « Le Garçon en pyjama rayé » s’est vendu à six millions d’exemplaires et a fait l’objet d’une adaptation au cinéma.

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