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La deuxième femme, Louise Mey


« Grosse vache, grosse, grosse moche, tête de conne… » Sandrine ne s’aime pas. Détestée, humiliée par son père, elle est partie quand il a commencé à la regarder avec des yeux qui ont faim.

Des hommes affamés, elle en a croisé beaucoup mais elle est prête à ne pas se plaindre de ce qu’on fait à son corps si on l’aime en échange. Mais ils la baisent comme un sac et la rejettent.


Et puis un jour, elle tombe sous le charme de l’homme qui pleure devant les caméras de télévision parce que sa femme a disparu mystérieusement pendant son jogging. Alors, elle est allée à la marche blanche et, pour la première fois, un homme l’a regardée sans faim ni dégoût. Et il lui a souri.


Tout va très vite. Il l’invite chez lui pour qu’elle rencontre son fils Mathias et lui demande de rester. Jusqu’à quand ? Pour toujours. Pour fonder une famille : le père, le fils et, elle, la deuxième femme. Elle a voulu ranger ses livres dans la bibliothèque mais il s’est emporté « Tu te crois où ? ». Elle a eu de la peine, mais il s’est excusé. Il est tellement gentil.


Un soir, à la télévision on diffuse un reportage sur une femme accueillie dans un hôpital parce qu’elle a perdu la mémoire. Il lui dit que « C’elle elle », Caroline, sa première femme. Elle est en vie.

Alors Sandrine sombre, se sent menacée, car il va la répudier, se débarrasser d’elle, la moche, la grosse vache. Elle aime l’homme qui pleure, même s’il est souvent en colère, il est le seul à lui avoir accordé de l’attention et elle veut le garder.


Il devient violent. Mais il s’excuse. Il la viole, mais lui répète qu’il est désolé. Des policiers la mettent en garde : « Saviez-vous que nous l’avons soupçonné d’être responsable de la disparition de sa première femme ? » Mais Sandrine ne veut rien entendre : un homme qui pleure ne peut pas faire de mal à sa femme.


Elle continue d’obéir, de cuisiner uniquement ce qu’il aime, de le laisser consulter son portable. Mais elle a peur de lui, de ce qu’il va lui faire. Il la saisit par le cou, il serre et elle commence à étouffer, mais il est navré. Il faut qu’elle comprenne qu’elle lui appartient. Il la plaque contre les murs, lui tire les cheveux, la frappe. Elle est à terre et elle pense « C’est ma faute ». Il est désolé, tellement désolé. Mais si elle le quitte, il la tuera.


Elle est sous son emprise, paralysée par la terreur mis elle n’a pas le courage de partir.


Dans ce roman psychologique glaçant et d’une violence inouïe, l’auteure raconte l’histoire d’une femme qui voulait juste être aimée, comme dans les films romantiques, et qui accepte la maltraitance, psychologique puis physique, pour ne pas se retrouver seule.

Parce que ce n’est pas facile de partir.


L’histoire de Sandrine est celle de milliers de femmes victimes de violences conjugales.

En 2019, en France, 149 femmes ont été tuées par leur conjoint ou ex-conjoint, soit 21% de plus que l’année précédente.


Editions du Masque, 2020


A propos de l’auteure


Après « Les Ravagé(e)s » (2016), « Embruns » (2017) et « Les Hordes Invisibles » (2018), ce quatrième roman de Louise Mey met à nouveau en scène les violences faites aux femmes. Elle écrit également pour le théâtre et des ouvrages pour la jeunesse.

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