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La fille à la robe rayée, Ellie Midwood




En 1947, en Allemagne, Franz Dahler, Kommandoführer au camp de concentration d’Auschwitz, doit comparaître devant le tribunal de dénazification. Son cas intéresse particulièrement le Dr Hoffman, psychiatre américain, car l’ancien surveillant SS souhaite faire témoigner Helena, une Juive slovaque qui se trouvait sous ses ordres et qu’il a épousée au lendemain de la guerre.


L’accusateur de Dahler, un survivant du camp devenu chasseur de nazis, est convaincu que la jeune femme est une victime, totalement sous l’emprise de son mari, un tueur de sang-froid antisémite qui la manipule et a fait d’elle son esclave.


Mais le témoignage d’Helena suscite la perplexité de l’expert-psychiatre.


Déportée à Auschwitz le 21 mars 1942, dans l’un des premiers convois en provenance de Slovaquie, elle devait être gazée mais, la veille de son exécution, on lui a demandé de chanter lors de la fête d’anniversaire de Franz Dahler, un Waffen-SS blessé sur le front de l’Est et déclaré inapte au combat. Celui-ci aima tellement sa voix, qu’il ordonna son retrait de la liste des « sélectionnées » et son transfert dans l’unité de travail du Kanada, réservée à la désinfection, au tri et au stockage des effets des personnes gazées. Au sein de cet entrepôt, les femmes bénéficiaient d’un statut à part : elles étaient autorisées à garder les cheveux longs, à s’habiller en tenue de ville et à se doucher quotidiennement.


Lorsque Dahler lui a, secrètement, déclaré qu’il était amoureux d’elle, elle a, au départ, été horrifiée. Mais au fil du temps, comprenant qu’il faisait tout, en prenant souvent des risques, pour la protéger et lui venir en aide, elle est devenue totalement dépendante de lui. Dans le but de survivre.


Au tribunal, elle minimise la souffrance qu’elle a endurée, elle ne manifeste aucune colère, aucune détresse émotionnelle. Elle ne se considère pas comme une victime. Elle éprouve au contraire un profond sentiment de gratitude envers son ancien gardien. « Franz m’a sauvée », déclare-t-elle, avant d’ajouter que c’est elle qui est à l’initiative de leur mariage.


Son récit déroute totalement le Dr Hoffman qui n’a jamais été confronté à une telle situation : une victime qui, de son plein gré, défend son agresseur et va jusqu’à déclarer son amour pour son bourreau.


Souffre-t-elle d’une forme de psychose liée à ses traumatismes ou à une autre pathologie que la psychiatrie n’a jamais observée auparavant ? La relation entre Helena et Franz est-elle un cas de syndrome de Stockholm (encore inconnu en 1947) ou la jeune femme est-elle réellement tombée amoureuse de son gardien SS ? Cela reste un mystère.


Ce roman s’inspire en grande partie d’une histoire vraie, celle d’Helena Citrónová et de Franz Wunsch. Le développement de leur relation est basé sur les entretiens qu’ils ont accordés à la BBC et sur leurs témoignages durant le procès de Franz en 1947. L’auteure s’est également appuyée sur les mémoires des survivants et de nombreuses études consacrées à la Shoa.


Passionnant et extrêmement documenté, ce livre souffre toutefois de quelques erreurs historiques et d’une traduction parfois médiocre.


Editions Faubourg Marigny, 2023

Titre original : « The girl in the striped dress »

Traduit de l’anglais (américain) par Typhaine Ducellier

 

A propos de l’auteure


Auteure américaine de romans historiques sur la Seconde Guerre mondiale et l’Holocauste, Ellie Midwood a également publié « La violoniste d’Auschwitz » (2022) et « La fille qui s’échappa d’Auschwitz » (2023).

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