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La goûteuse d’Hitler, Rosella Postorino


En 2013, Margot Woelk, une Allemande de 96 ans, a fait une surprenante révélation au « Daily Mail » : durant deux ans, elle a été une des « goûteuses » d’Hitler. Rosella Postorino n’a jamais pu la rencontrer – elle est décédée peu de temps après avoir livré son témoignage, un lourd secret sur lequel elle avait toujours gardé le silence – mais elle s’est inspirée de son histoire pour écrire ce roman extraordinaire.


1943. Cantonné dans son quartier général de Rastenburg, en Prusse orientale, Hitler, terrorisé à l’idée d’être empoisonné, a fait recruter des goûteuses. Parmi elles, Rosa Sauer, une Berlinoise de vingt-six ans, qui, lorsque son mari Gregor a décidé de s’engager, s’est installée chez ses beaux-parents à Gross-Partsch, non loin de Wolfsschanze, la « Tanière du Loup ».


Enrôlée de force « au service du Führer », elle est conduite en autocar tous les matins dans une école transformée en caserne où elle rejoint une dizaine d’autres femmes qui, comme elle, sont contraintes de goûter la nourriture destinée à Hitler. « Mangez ! » Et chacune s’exécute, sous la menace de gardes armés, la peur au ventre car chaque bouchée est peut-être la dernière. Après chaque repas, les SS les obligent à rester sur place durant une heure, le temps nécessaire pour vérifier l’absence de poison.


Au fil des mois, des complicités naissent entre ces jeunes femmes qui partagent le même cauchemar, mais également des animosités, des jalousies. Considérée comme « l’étrangère » puisqu’elle vient de Berlin, Rosa est notamment en butte à l’hostilité de certaines de ses compagnes. Car elle n’a rien en commun avec ces villageoises, à part cet emploi de goûteuse rétribué deux cents marks par mois.


Et puis un jour, elle apprend que Gregor a été porté disparu. Disparu ou mort ? Alors, Rosa décide de ne plus se battre. Et lorsque l’Obersturmführer Ziegler, son bourreau, se plante toutes les nuits sous la fenêtre de sa chambre, elle finit par le conduire dans la grange.


Parce qu’elle est terrifiée. Parce qu’elle est une femme sans homme, comme les autres goûteuses, et qu’elle a besoin d’être désirée.


Rongée par la honte et la culpabilité – « un soldat dont l’épouse est restée fidèle ne sera jamais tué » lui a écrit son mari dans sa dernière lettre – elle ne peut partager son secret avec personne.


Ce livre magnifique brosse le portrait d’une femme à la fois victime et coupable, parce qu’elle a contribué à maintenir en vie un monstre, et qui, tout en acceptant l’idée de se sacrifier, tente de survivre sans perdre son humanité.


Editions Albin Michel, 2019


Traduit de l’italien par Dominique Vittoz

Titre original : « Le Assaggiatrici »


A propos de l’auteure


Rosella Postorino est journaliste et éditrice chez Einaudi. « La goûteuse d’Hitler », son quatrième roman, a connu un véritable succès international et a reçu de nombreux prix littéraires dont le renommé prix Campiello. Elle écrit également des essais et des pièces de théâtre.

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