top of page

Le courage de vivre, Albina du Boisrouvray



Fille unique du comte Guy de Jacquelot du Boisrouvray et de Luz Mila Patiño Rodriguez, dont la famille a fait fortune dans l’étain en Bolivie, la comtesse Albina du Boisrouvray a vécu une enfance de (riche) nomade dans les plus grands palaces du monde et étudié dans les pensions les plus huppées.


Mal-aimée par sa mère (« une personne dérangée et dérangeante ») et délaissée par son père, un aventurier toujours absent, elle a été élevée par des nurses, des gouvernantes et des filles au pair.


Très jeune, l’aristocrate se rebelle contre cet univers de luxe dont elle ne partage pas les valeurs. Elle veut couper les ponts avec ce monde de paillettes et être libre de ses choix. Alors qu’elle est destinée à épouser un beau parti, de préférence un membre du gotha ("le gotha m'ennuyait à périr" ), elle balaie les conventions et se marie en 1960 avec Bruno Bagnoud, un professeur de ski rencontré en Suisse (qui deviendra pilote-instructeur de troupes de montagnes), avec qui elle a un fils, François-Xavier, qui deviendra le fil rouge de sa vie.


Mais la vie de femme au foyer ne lui convient pas et le couple se sépare cinq ans plus tard. La riche héritière fréquente alors les cercles culturels, intellectuels et politiques de l’intelligentsia de gauche, courre de marches en manifestations aux côtés de Bernard Kouchner et André Glucksman, se lie d’amitié avec Françoise Giroud, passe ses vacances chez Jean Daniel avec Edgar Morin, partage la vie de Georges Kiejman et se lance dans le journalisme.

Bien que très engagée dans des groupes révolutionnaires, elle se rend compte que, finalement, cette « gauche caviar », sans véritable engagement profond, est aussi « snob et dogmatique » que sa famille d’aristocrates.


Débute alors sa brillante carrière de productrice de cinéma. De « L’important c’est d’aimer » à « Fort Saganne » en passant par « Police Python 357 » et « Une femme à sa fenêtre », sa société (Albina Productions) produit de nombreux films à succès entre 1970 et 1980.


Et puis survient ce jour fatal : le 14 janvier 1986, l’hélicoptère de secours du Paris-Dakar piloté par son fils unique, âgé de 24 ans, s’est écrasé, entraînant dans la mort le directeur de la course, Thierry Sabine, et le chanteur Daniel Balavoine.


Dévastée, pulvérisée par la douleur, Albina du Boisrouvray s’enferme durant un an dans son chalet en Suisse, avant de trouver la force de tourner la page et de mener une nouvelle vie. « De la perte vient un renouveau », écrit-elle.


Après avoir travaillé comme bénévole à Médecins du Monde, elle crée l’ONG FXB (les initiales de son fils) et vend l’essentiel de ses biens (récoltant ainsi 100 millions de dollars) pour venir en aide aux plus déshérités, notamment les enfants orphelins du sida.


Aujourd’hui, la Fondation intervient dans 17 pays et a mis en place 87 programmes dont la mission est de combattre l’extrême pauvreté en amenant les familles à l’autonomie financière.


Cette biographie passionnante, riche en anecdotes et parfois drôle dans les portraits que l’auteure dresse de sa famille, retrace la vie exceptionnelle d’une aristocrate héritière d’un empire qui, à la suite d’un malheur personnel, a dédié sa fortune à l’aide humanitaire pour se réconcilier avec l’existence.


« Nous avons tous dans notre vie un moment où nous pouvons choisir ce que nous voulons devenir. Albina a saisi ce moment. Elle a eu ce courage de vivre, elle a maintenant le courage de raconter », écrit l’académicien Daniel Rondeau dans la préface.


Editions Flammarion, 2022 Préface de Daniel Rondeau, de l’Académie française

Comments


bottom of page