Un premier roman d’une maîtrise époustouflante !
Julia Alveston, une adolescente de 14 ans qui préfère se faire appeler Turtle, vit avec son père ultra-possessif et survivaliste dans une maison isolée et insalubre à Mendocino, dans le nord de la Californie. Persuadé que le monde court à sa perte, il lui a appris à manier toutes sortes d’armes à feu. Le soir, pendant que les rats dévorent les restes de leur dîner dans la cuisine, elle nettoie méticuleusement sa carabine Ruger .22 ou son Remington 870.
Sous l’emprise destructrice de son père, dont les accès de violence sont imprévisibles et incontrôlables, mais qui lui voue un amour absolu, elle accepte les pires sévices et les viols car elle est capable physiquement de tout endurer et, surtout, elle n’a pas d’autres repères. « Tu es à moi », martèle-t-il en la traitant de « connasse » et en la rouant de coups de tisonnier. Et elle, elle se dit : « J’ai besoin que tu sois dur avec moi parce que je ne vaux rien pour moi-même ».
Sa vie sociale est confinée au collège mais ses résultats scolaires sont désastreux et ses professeurs s’inquiètent pour cette adolescente solitaire, repliée sur elle-même, dépossédée d’estime personnelle et qui repousse quiconque essaie de percer sa carapace. Personne ne doit savoir qu’elle est victime d’un sociopathe, c’est un secret entre eux deux.
Elle ne communique avec personne, sauf avec son grand-père alcoolique qui vit dans un mobile home délabré et qui ingurgite des bouteilles de bourbon pendant leurs parties de cartes.
Turtle est tiraillée entre son désir de fuir et la culpabilité d’abandonner son père auquel elle est attachée - « Il n’a que moi il ne supportera pas de me perdre ». Un jour pourtant au cours d’une de ses longues marches en forêt, où elle a appris à vivre, à survivre, elle croise Brett et Jacob, deux lycéens égarés, et à leur contact elle réalise que sa vie pourrait être différente. Meilleure.
Mais, lorsqu’il réalise que sa fille tente de lui échapper, de se défaire de son emprise toxique, le monstre va la plonger dans l’horreur totale.
Ce premier roman sur lequel Gabriel Tallent a travaillé huit ans durant a été encensé aux Etats-Unis et en France. Un livre dérangeant, parfois insoutenable, une écriture flamboyante (il faut saluer le talent de la traductrice) lorsque l’auteur évoque la flore, la faune, une nature souvent hostile, et des personnages inoubliables, principalement celui de la jeune héroïne qui, sous emprise destructrice, lutte pour sa survie.
Un roman magistral que Stephen King qualifie de chef d’œuvre !
Editions Gallmeister, 2018
Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Laura Derajinski.
A propos de l’auteur
Né en 1987 au Nouveau-Mexique, Gabriel Tallent a publié des nouvelles pour différents magazines avant d’écrire ce roman qui a obtenu, entre autres, le Grand Prix de l’héroïne Madame Figaro dans la catégorie roman étranger en 2018.
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