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Nos secrets trop bien gardés, Lara Prescott


Moscou, 1949. Olga Vsevolodovna, muse et grand amour de Boris Pasternak (qui lui inspirera le personnage de Lara dans « Le Docteur Jivago »), est arrêtée et détenue dans une cellule de la Loubianka. Après des mois d’interrogatoires à propos du « Docteur Jivago », un roman jugé « antisoviétique » que Pasternak est en train d’écrire, elle est condamnée à cinq ans d’emprisonnement dans un goulag, en Mordovie. Une manière de faire pression sur le plus célèbre écrivain russe.


A son retour à Moscou, elle retrouve son « Borya » qui, sur le point de finaliser son roman, lui demande d’être son agent, son porte-parole, son émissaire. L’écrivain étant marié, ils louent une petite maison où ils se retrouvent tous les après-midi.


Mais malgré toutes les tentatives d’Olga, aucun magazine, aucune maison d’édition n’accepte de publier « Le Docteur Jivago ». Jusqu’au jour où un éditeur italien, Giangiacomo Feltrinelli, demande à Pasternak de lui confier le manuscrit afin de le traduire et de le diffuser dans son pays. L’écrivain accepte tout en sachant que si son roman est publié à l’Ouest sans la permission de l’URSS, il signe son arrêt de mort.


Washington, 1956. Irina Drozdova, américaine d’origine russe, est « officiellement » engagé comme dactylo par la CIA, mais en vérité pour travailler comme agent. Très vite, on lui confie des opérations clandestines dont une mission classée sous le nom de code AEDINOSAUR et qui concerne « Le Docteur Jivago », interdit de publication dans le bloc de l’Est en raison des critiques portées contre la révolution d’Octobre et sa nature dite subversive. Pour l’Agence, cette œuvre littéraire a un fort potentiel en termes de propagande. Ce n’est pas juste un livre mais une arme que la CIA veut se procurer afin de la renvoyer clandestinement derrière le rideau de fer pour réveiller l’esprit des citoyens soviétiques.


Formée à l’art de l’espionnage par la très chic Sally Forrester, ancienne agente de l’OSS, Irina, sous le nom de code Nancy, est donc envoyée en Italie pour se procurer un exemplaire du chef d’œuvre de Pasternak. Les deux femmes, devenues très proches, sont ensuite chargées de distribuer l’édition russe aux visiteurs soviétiques de l’Exposition universelle de Bruxelles.


Alors qu’au fil des mois le roman est diffusé dans de nombreux pays en Europe, la surveillance dont fait l’objet Pasternak devient de plus en plus pressante, d’autant plus qu’il est lauréat du Prix Nobel de littérature en 1958. Mais les autorités russes lui interdisent le retour en Union soviétique s’il se rend à Stockholm pour recevoir sa récompense. Très attaché à son pays, l’écrivain finit par refuser le prix qui, après sa mort en 1960, sera finalement remis à son fils.


Les Russes devront attendre l'arrivée de Gorbatchev et sa perestroïka pour pouvoir lire, en 1985, ce monument de la littérature russe dans leur langue.


Inspiré de la véritable tentative de la CIA d’introduire clandestinement le chef d’œuvre censuré de Pasternak au-delà du rideau de fer, ce premier roman extrêmement documenté de Lara Prescott est une réussite. Mêlant personnages réels et personnages de fiction très convaincants, l’auteure dresse le portrait de véritables héroïnes et rend hommage aux femmes de l’ombre et à leur rôle durant la guerre froide.

Ce roman raconte également l’histoire d’amour entre Boris Pasternak et Olga Vsevolodovna qui, malgré les souffrances endurées au goulag, n’a jamais cessé d’encourager et de soutenir son « Borya ».


Ce roman, récompensé par de nombreux prix, a été traduit dans plus de trente pays et adapté pour la télévision.


Editions Robert Laffont, 2021


Titre original : “The Secrets we kept”

Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Christel Gaillard-Paris

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