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Sans preuve & sans aveu, Philippe Jaenada


Philippe Jaenada, qui a consacré plusieurs romans remarquables à de célèbres affaires judiciaires – notamment celles de Bruno Sulak ou Pauline Dubuisson -, a été choqué, indigné par la condamnation d’un homme à quinze ans de prison pour le meurtre de sa tante, sans aveu ni l’ombre d’une preuve. Après avoir enquêté sur cette affaire instruite pendant 14 ans et avoir minutieusement épluché le dossier de plus de 3000 pages, il en a tiré ce livre pour dénoncer une erreur judiciaire inacceptable et obtenir la réhabilitation d’un innocent.


Le 17 mars 2004, à Pompignac, Marie Cescon, 88 ans, a été assassinée à son domicile et on a mis le feu à sa maison. Alerté par des voisins, son « neveu préféré » Alain Laprie, qui vit à Bordeaux, se rend aussitôt sur place et tente en vain de pénétrer dans la maison à moitié détruite afin d’y récupérer des papiers importants et de l’argent liquide (sa vieille tante avait pour habitude de garder des milliers d’euros chez elle). Une attitude (qui pèsera lourd dans l’acte d’accusation) qui intrigue les gendarmes qui, dès ces premiers instants, s’intéressent à lui. Car l’après-midi de ce 17 mars, Alain Laprie se trouvait chez la vieille dame, pour couper du bois.


Mais ce qui, surtout, oriente l’enquête sur Alain Laprie c’est que Marie Cescon, qui a beaucoup d’argent, l’avait désigné comme unique héritier… avant de changer d’avis et de rédiger un nouveau testament qu’elle comptait déposer chez son notaire, au profit d’autres membres de la famille. Et le brouillon de ce nouveau testament, qui déshérite totalement son neveu, a disparu. Le mobile serait donc pécunier.


Le 22 juin 2004, Alain Laprie est placé en garde en vue. Il nie toute implication dans le meurtre, il n’avait aucune raison de tuer sa tante qu’il aimait beaucoup et il n’était pas au courant qu’elle voulait modifier son testament. Et d’ailleurs, il a un alibi : au moment où la maison a pris feu, il était chez lui à Bordeaux, la téléphonie le prouve.


Il est remis en liberté mais trois ans plus tard, Georges, le frère de la victime, déclare aux enquêteurs qu’Alain Laprie lui a avoué avoir assassiné sa tante. Des aveux qu’Alain Laprie nie avoir formulés. Incarcéré en septembre 2007, il est à nouveau libéré… pour vice de procédure. Deux ans plus tard, suite aux témoignages accablants (et mensongers) d’autres membres de sa famille (ils veulent vraiment sa peau !), il est placé sous contrôle judiciaire.


Le procès débute en juin 2016 mais le jour du verdict, coup de théâtre ! Le président de la cour d’assises réclame un supplément d’information : le procès est annulé et renvoyé. Un véritable fiasco judiciaire ! Une nouvelle audience s’ouvre en novembre 2018 : Alain Laprie est acquitté au bénéfice du doute.


Mais le parquet général fait appel et le 17 février 2020 et les jurés le condamnent à quinze ans de réclusion criminelle. Le 2 septembre 2021, Alain Laprie, âgé de 66 ans, est incarcéré à la maison d’arrêt d’Angoulême.


Philippe Jaenada, qui a méticuleusement analysé chaque pièce du dossier, dénonce une enquête honteusement menée à charge : enquêteurs et juges d’instruction n’ont pas envisagé, présumé qu’Alain Laprie puisse être innocent. Ils n’ont pas recherché le meurtrier, ils se sont acharnés sur cet homme pour prouver qu’il était coupable. Et de preuves, il n’y en a pas. Mais Alain Laprie a quand même été condamné. Comment est-ce possible ?


Ce livre, il l’a écrit rapidement, dans l’urgence, avec pour seul objectif : obtenir une révision du procès d’Alain Laprie, devant une justice intègre.


Editions Mialet-Barrault, 2022


A propos de l’auteur


Après avoir écrit des romans autobiographiques, Philippe Jaenada se tourne vers le fait divers. Il est notamment l’auteur de « Sulak » (l’histoire du célèbre braqueur Bruno Sulak), « La petite femelle » (livre consacré à Pauline Dubuisson, jugée pour le meurtre de son ex-petit ami), «La Serpe » (inspiré du triple assassinat du château d’Escoire), Prix Femina 2017, et « Au printemps des monstres » (l’affaire Lucien Léger).

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