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Tu t’appelais Maria Schneider, Vanessa Schneider

Le 4 février 2011, le journal Libération rend hommage à Maria Schneider, décédée la veille d’un cancer à l’âge de 58 ans, en affichant en Une une grande photo de l’actrice, poitrine nue et offerte, bestiale : une image tirée du « Dernier Tango à Paris ».


Comme si ce film sulfureux de Bernardo Bertolucci – un huit clos de sexe et de violence avec Marlon Brando - qui la fit connaître à l’âge de 19 ans et qui, par le scandale qu’il suscita, fut à l’origine de sa lente descente aux enfers, résumait à lui seul la carrière de l’actrice.


Vanessa Schneider, grand reporter au journal Le Monde et écrivaine, dresse avec beaucoup de tendresse et de tristesse un portrait émouvant de sa cousine germaine, « cette femme trop belle, punie pour ses audaces et ses mauvais choix ».


Fille de Daniel Gélin, qui mettra des années à officialiser sa paternité, Maria a été délaissée par sa mère. « Tu es enfant et ta mère te fait déjà sentir que tu es de trop entre ses deux garçons adorés. Elle ne t’a pas caché l’identité de ton père, Daniel Gélin, ce grand comédien qui a tourné en Amérique ».


Et l'auteure d'ajouter : « Tu as à peine dix ans (…) ta mère est au lit avec un homme. (…) elle te demande de lui apporter son diaphragme ».


Adolescente, Maria aime les hommes et les femmes. « Tu as dix-huit ans et tu danses (…) Tu danses et tu bois. Tu danses et tu fumes"


Actrice en herbe, elle est choisie par Bernardo Bertolucci pour incarner l'héroïne du "Dernier Tango à Paris".

« Tu as dix-neuf ans, tu es mineure, prête à t’embarquer pour le film le plus scandaleux des années 70 ».

Absente du scénario, la scène de la sodomie (décidée en douce par Brando et le réalisateur) est assimilée à un viol et sera destructrice pour la comédienne.


Critiqué, interdit dans certains pays, le film déchaîne les passions, mais le réalisateur triomphe. Alors que Maria, devenue un objet sexuel, subit la violence des attaques, des insultes dans la rue, des crachats.


Maria Schneider a tourné des dizaines de films pour le cinéma et la télévision mais jamais elle ne parviendra à se débarrasser de l’image de la scène dégradante de sodomie du « Tango » qui lui colle à la peau.


Ses amis, parmi lesquels Brigitte Bardot et Alain Delon, ne pourront l’empêcher de plonger dans l’enfer de l’alcool, de la drogue et de la dépression.


En 2010, elle sera élevée au rang de chevalier des Arts et des Lettres par Frédéric Mitterrand, alors ministre de la Culture.

« Tu étais enfin récompensée, reconnue comme une actrice qui a compté. Tu n’avais pas traversé la vie pour rien », écrit l’auteur.


Un beau témoignage d’amour et d’admiration.


Editions Grasset, 2018


A propos de l’auteur


Grand reporter politique au journal Le Monde, Vanessa Schneider a publié son premier roman, « La mère de ma mère », en 2008. On lui doit également « Tâche de ne pas devenir folle », « Le Pacte des vierges » et «Le jour où tu m’as quittée », ainsi que quelques essais politiques. Sélectionné pour le prix Femina 2018, « Tu t’appelais Maria Schneider » est son huitième livre.

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